Passer d’une posture d’objet de production à une posture de sujet en croissance, tel est le paradoxe du travail en entreprise; au risque d’instrumentaliser ses collaborateurs, tout manager est appelé à devenir un coach de la croissance de son équipe. Il doit adopter une la « croissance attitude » qui lui permet de voir ses équipiers, non comme l’instrument de l’entreprise au service de sa rentabilité, mais comme sujet en croissance, appelé à mettre, dans sa liberté, ses talents au service de l’organisation.
Il est capital, aujourd’hui plus que jamais, d’accompagner ce processus de changement de mentalité pour mettre l’humain, homme et femme debout, au cœur du système économique.
Adopter une attitude de croissance est un concept mis en lumière par Carole Dweck, leader international et psychologie positive, qui a travaillé avec des collèges pour mesurer l’impact des apprentissages sur le développement des enfants. Ils se sont alliés pour faire passer un test très simple à 450 étudiants diplômés de toutes les nationalités.
L’expérience Dweck
Carole Dweck et ses collègues ont donné à tous les enfants des tests de QI non verbaux très simples. Il y avait 10 questions.
- A la fin des tests, ils ont loué les enfants de deux façons différentes. Le premier groupe fut loué pour son intelligence. On leur dit : bon travail, vous devez vraiment être très intelligent. Le second groupe fut loué pour son effort. On leur dit : « bon travail, vous devez avoir travaillé vraiment dur« . C’est une différence très subtile, mais l’impact sur les enfants a été incroyable.
- Gardant les mêmes enfants ainsi divisés en deux groupes, ils leur donnèrent à tous une option pour le prochain test. La première option fut de leur dire : « ce prochain test va être un peu plus difficile, mais il va être une grande opportunité d’apprendre et de grandir ». La seconde option fut : « ce prochain test va être similaire au premier et vous le ferez certainement très bien. »
La croissance attitude
Les résultats de l’expérience
Dans le groupe qui a été loué pour son intelligence, 67% d’entre eux ont choisi l’option la plus facile.
Alors que 92% des enfants du groupe loué pour leur effort ont choisi le test le plus dur.
C’est incroyable comme écart de résultat, juste à partir d’une subtile différence sur la façon dont ils ont été félicités.
Dweck en explique les raisons :
- Ceux qui pensent être admirés et évalués comme brillants et talentueux se disent qu’il est préférable de ne rien faire pour tromper cette évaluation. Ils adoptent alors un état d’esprit fixe jouant la sécurité pour le futur, limitant la croissance de leurs talents. Ils se disent en eux-mêmes : « si je fais une erreur, je ne serai pas reconnu pour mes talents ».
- Les autres, ceux qui sont admirés pour leur capacité de croissance se disent : « si je ne fais pas des choses difficiles et si je ne les réussis pas, je ne vais pas grandir. »
Ensuite, Dweck et ses collègues donnèrent aux enfants un test vraiment impossible sans le leur dire, sachant qu’ils échoueraient tous. Ils voulaient voir comment les enfants des différents groupes s’attaqueraient à ce défi. Ils remarquèrent que le groupe qui avait été félicité sur ses efforts travailla plus longtemps, plus durement, et apprécia plus ce test que le groupe qui avait été félicité pour son intelligence; ce dernier fut même très frustré et il eut tendance à abandonner plus tôt.
Après cet échec induit, tous les enfants reçurent un test final, de la même difficulté que le tout premier test. Le groupe qui avait été félicité pour son intelligence eut de moins bons résultats qu’au premier test. Son score chuta de 20% alors que le groupe qui avait été félicité pour ses efforts fit mieux que la première fois avec un score de 30% plus élevé. Ce qui fait une différence de 50% entre les deux groupes. Tout dépendait donc de la différence subtile, dans la façon dont les enfants avaient été félicité.
Quelle leçon tirer de cette expérience pour la vie au travail ?
Si vous souhaitez des collaborateurs agiles, capables de prendre des risques, reconnaissez les efforts, l’investissement de vos collaborateurs même quand la performance n’est pas tout de suite au rendez-vous.
Convertissez vous aux Signes de reconnaissance positifs
Oui mais pas n’importe lesquels ! Complimentez, félicitez l’effort, la motivation, l’investissement, la persévérance, la croissance attitude !
Cette étude manifeste comment la façon d’encourage peut construire ou briser la croissance d’un sujet?
Nous avons tous à en tirer des leçons : managers, coaches, dirigeants, nous avons à chercher la façon la plus subtile et efficiente d’accompagner ceux qui sont confiés à notre vigilance.
Si vous avez l’habitude d’encourage les autres, c’est excellent. Il n’y a rien de mal à être positif. Mais attention à être précautionneux sur ce que vous encouragez :
- une qualité ?
- ou plutôt un potentiel de développement, une capacité d’effort, un processus de progression ?
Le comment fait toute la différence, nous permettant, ou non, de développer un état d’esprit de croissance.
Car adoptez une croissance-attitude a un très grand impact sur le développement des hommes et des femmes qui nous sont confiés comme sujet en croissance, capable de mener l’organisation vers l’excellence d’une performance.